LE QUANTIFIED SELF AU SERVICE DU SPORTIF ET DU BIG DATA

Le terme de Quantified Self n’est pas particulièrement connu du grand public. Si son utilisation est fréquente et que nombreux de ses outils sont utilisés par des « amateurs », en revanche bien des gens n’ont aucune idée qu’ils sont devenus gestionnaires de leur quantified self.

En effet, dans le sport le terme de Quantified Self s’est largement généralisé depuis quelques années. Les sportifs confirmés comme les amateurs peuvent pratiquer le self-tracking afin de récupérer toutes les données relatives à leurs préparations physiques. Tout comme les professionnels de santé, les sportifs peuvent se mesurer à tout niveau et sur de multiples facettes de leur corps grâce aux nombreuses applications et objets connectés proposés par les plus grandes firmes multinationales.

Aujourd’hui, un athlète de haut niveau ou un sportif amateur peut bénéficier de statistiques relevant de la performance physique ou technique. Le Quantified Self permet à l’athlète de s’auto-réguler lors d’un effort physique, partager ses données de santé, améliorer sa performance physique, rendre ses données publiques. Cardiofréquencemètres, GPS, plateformes collaboratives en ligne, podomètres : les outils de mesure de soi se mettent depuis quelques années au service des sportifs.

Ces données d’analyses sont d’autant plus attractives pour les grandes sociétés, les firmes multinationales et les marques de sport. D’ailleurs, on note que les objets connectés et les applications sont souvent reliés à une marque ou fabriqué directement par la marque. Comme on peut le voir sur l’application Nike Running, application appartenant à la marque Nike qui permet aux utilisateurs d’enregistrer des statistiques après une course ou un effort physique.

Entre enjeux de maitrises identitaires, curiosité de découverte des nouvelles technologies, le Quantified self s’ancre petit à petit dans le quotidien d’un bon nombre d’internautes pour différentes raisons. C’est d’ailleurs en observant ce phénomène et en voulant répondre à ce type de demande que les créateurs d’outils de Quantified Self ont commencé à travailler sur leur projet. Une technique alliant nouvelles technologies, réseaux sociaux et donc relations interpersonnelles, et découverte de son soi pour perfectionner les éléments perfectibles.

Les données récoltées, chiffrées, puis partagées pour favoriser leur traitement permettent en effet une certaine altérité puisqu’une communauté des personnes qui se traquent est créée. Les traces, laissées sur le net tout au long de la traque et surtout après sont dorénavant le questionnement. Le Quantified Self fait partie de ces techniques de maitrise de l’identité qui d’ailleurs, par le biais du numérique, permettent d’influer sur l’identité physique. On a ainsi pu constater que le travail sur soi que permettaient les outils de traque, est avant tout, dans la plupart des cas, un travail sur sa santé physique, sur son alimentation, son corps, et ses mauvaises habitudes quotidiennes.

La connectivité exacerbée que requiert le self-tracking, permet à de nombreuses marques d’elles-mêmes traquer l’internaute très présent sur des sites à la fois ciblés, et nombreux. Si l’entreprise n’a aucune idée de l’identité de la personne qu’elle traque, elle a cependant des informations sur ses centres d’intérêts et ses préoccupations, ce qui est largement suffisant pour envoyer des promotions, des publicités, et des offres ciblées. L’internaute devient alors produit de consommation. Mais ces publicités sont également ce qui fait vivre les outils de traque, ce qui permet la création de ces communautés, et de ces possibilités de double pro activité sur l’identité : actions sur le physique, et maitrise des traces numériques.

De ce fait, on peut parler d’un processus gagnant/gagnant pour l’internaute, qui doit simplement garder son libre arbitre et ne pas se perdre dans cette masse informe.

 

Camille Trihan, @thncamille 

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